vendredi 19 juillet 2013

Un petit pois qui change tout

Dans le creux de mon  ventre, bien au chaud, il y a un petit pois. Il est si petit que j'ai de la difficulté à me figurer qu'il est bien là. Pourtant il me rend différente. Il me rend forte et fragile à la fois. Je me sens pleine d'une énergie nouvelle, mais jamais je n'ai été aussi vulnérable.

En quelques semaines, il est devenu un trésor à mes yeux. Je le garde là jalousement, à l'abris du reste du monde. À mesure qu'il grandit, mes vieilles craintes s'estompes, mes doutes s'envolent, la colère sourde qui grondait en moi contre les travers de notre monde me semble aujourd'hui futile. Elle s'est effacée au moment même ou j'ai su que moi et mon homme avions fabriqué une vie.

Je ne réalise pas tout à fait ce que cela implique. Une vie, c'est tellement abstrait. Une vie grosse comme un petit pois. En même temps je trouve que c'est immense. Bien plus grand, bien plus fort que moi. Ça prend toute la place, mais c'est gros comme un petit pois. Ce sera quoi quand il aura la taille d'un melon?

La vérité, c'est que je suis terrorisée. Je veux ce qu'il y a de mieux pour mon petit pois. Il n'y a pas une seconde ou il ne me trotte pas dans la tête en plus de flotter dans mon ventre. Est-ce que j'ai ce qui faut pour être une bonne maman? Est-ce que je vais être capable de lui transmettre de belles valeurs? Est-ce que je vais réussir à tout concilier, sans négliger son papa? Je les aimes tellement tout les deux. Ils sont ma famille maintenant.

Je ne le connais même pas encore mon petit pois. Je ne sais pas de quoi il aura l'air lorsqu'il aura vraiment pris forme. Je ne sais pas s' "il" sera plutôt "elle".  Mais ça a peu d'importance à mes yeux. Je ne le connais pas mais je l'aime déjà. Je l'aime d'une façon nouvelle, je me laisse bercer par la vague d'émotion qui me submerge chaque fois que je l'imagine, recroquevillé dans dans son monde fluide et tiède.

J'ai peur qu'il sorte de là. Peur qu'il soit contaminé par toute la folie du vrai monde. Qu'il voit comme tout va trop vite, comme le temps nous file entre les doigts. Peur qu'il rencontre de mauvaises personnes, peur qu'il souffre parfois.  J'ai pourtant hâte de le mettre au monde, pour lui montrer un ciel brûlé par le soleil qui se couche, lui faire entendre le rire de son papa. Je veux qu'il voit comme il fait bon rester un peu plus longtemps au lit un dimanche matin, comme on est bien près du poêle après une journée à jouer dehors. Lui montrer comme c'est beau la neige quand elle brille sous le soleil. Je veux qu'il fasse des dessins auxquels je ne comprendrai rien, qu'il invente des chansons sans air et sans parole. Je veux qu'il sache comme son papa et sa maman l'aime. Je veux qu'il les aime aussi.

J'espère qu'il grandira en sachant que chaque parcelle de son être a été forgée à même un amour sans condition, car il est le fruit de ce lien très fort qui nous uni son papa et moi.

 J'espère qu'un jour il aura, lui aussi, la chance d'aimer autant un petit pois.








2 commentaires:

  1. Si tu savais comme je suis touchée par ton texte...

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  2. Merci, j'étais moi même assez émue quand j'ai écris ça... Je venais de réaliser que j'avais vraiment une vie dans mon ventre! Il est maintenant gros comme une clémentine héhé :)

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